mardi 3 septembre 2013

COMMENT J'AI FAILLI MOURIR #1

Dérapage incontrôlé


Ah, le baccalauréat ! Ce moment particulier qui laisse souvent un souvenir indéfectible (que vous l’ayez réussi ou non). Pour ma part, si j’ai bien commencé les épreuves, j’ai failli ne jamais en voir la fin.

Cet évènement si “spécial” ne s’annonçait pas sous les meilleurs hospices. Il faut bien l’admettre, après une année de Terminal relativement chaotique, je n’avais pas vraiment bachoté préférant passer le temps imparti aux révisions pour traîner avec mon ami Zied dans les cinémas et les bars désertés par nos congénères plus consciencieux que nous. 

La date fatidique arriva sans que je m’en rende vraiment compte. Armé de l’insouciance de la jeunesse, je n’étais pas très inquiet de mon manque de révisions. Lorsque vous venez de passer une année à entendre que vous n’aurez pas votre bac, vous êtes assez bien préparé à l’échec.



Etrangement, les premiers jours se sont passés sans trop d’encombre et ma désinvolture n’allait que grandissante. Puis l’épreuve que je redoutais le plus arriva : les mathématiques. On ne peut pas dire que j’ai «la bosse des maths» et ma moyenne annuelle devait avoisiner 7/20. Bref, ce n’était pas gagné.
L’épreuve, qui avait lieu le mercredi après-midi, se passa effectivement dans la douleur. C’est pour ça qu’à la sortie, quelques amis et moi avions vraiment besoin de nous détendre avec le stock de bière et de tequila qui nous attendait dans le coffre d’une voiture.

Une fois nos provisions terminées, au moment de quitter les lieux, l’ami chauffeur qui devait nous ramener, quand il arrivait à se tenir debout, repeignait le trottoir du contenu de son estomac. Personne d’entre nous à part lui n’avait le permis de conduire et les bus ne circulaient plus. Bien entendu, il était impensable que nous appelions, en plein milieu du bac, un parent pour venir nous chercher tant notre haleine devait empester à des kilomètres. Alors c’est moi qui pris la place du pilote. Je n’avais jamais conduit d’automatique (et celle-ci était une véritable antiquité), mais rien ne pouvait nous arrêter. 

Le trajet se déroula sans problème. J’ai bien tapé un ou deux trottoirs, manqué de me manger une voiture venant en sens inverse mais dans l’ensemble, tout se passa bien. Dans l’habitacle, un joyeux bordel s’était installé. Mais peu avant d’arriver à notre premier arrêt, faisant fi de la vitesse, j’ai abordé un peu rapidement un virage qui venait d’être goudronné et couvert de graviers. Lorsque l’idée de ralentir m’est venue, une canette de bière s’est logée sous la pédale de frein et la voiture s’est alors enfoncer dans le pré qui nous faisait face. Je réussis à redresser le véhicule et, un par un, le pare-chocs venait défoncer les piquets servant à maintenir les barbelés du champ. Malgré la confusion qui régnait, j'aperçus devant nous un poteaux électrique en béton qui risquait clairement de nous faire assez mal. Dans un ultime coup de volant, j’ai tiré le frein à main qui répondait difficilement. La vieille tire se mis en travers de la route stoppant sa course à quelques centimètres d’un grand mur de pierres.

Sains et saufs, tout le monde est sorti de la voiture halluciné que personne n’ai rien. Afin de ne pas trop attirer l’attention sur la clôture du champ, nous avons quitté les lieux pour nous retrouver chez un ami autour d’une dernière bière. 
Peu de temps après que nous nous soyons posés, la sonnette de la porte d’entrée retentit. Le cultivateur du champ avait retrouvé notre trace et après une bonne engueulade, il nous demanda de replanter les piquets du champ jusqu’au dernier. C’est ainsi qu’un soir, perdu en pleine campagne, je me suis retrouvé une veille d’épreuve du bac à enfoncer des bouts de bois dans la terre.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le lendemain ne fut pas glorieux. Ma tête avait tout de la cocotte-minute et les images de la veille se bousculaient douloureusement. Tant bien que mal, je me suis traîné à l’épreuve d’anglais qui avait lieu quelques heures plus tard.

Au final, j’ai obtenu mon bac le même jour que mon permis de conduire et m’en allais gaiement sur les routes sinueuses de la vie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire