mardi 6 août 2013

CHRONIQUE DU SEXE ORDINAIRE #3

Ma Petite Anglaise


Il est des filles que vous ne voyez qu’une fois, avec qui vous ne passez qu’une nuit, mais qui vous laisse un souvenir indéfectible. Sophie est de celle-là.

A l’époque où je l’ai rencontré, je vivais dans une famille anglaise à Maidenhead, dans le Berkshire, à 1h de Londres. Je ne sais plus exactement quel âge j’avais mais je me souviens que cette année-là, la vague Oasis venait de submerger l’Angleterre et qu’il n’y avait pas une radio ou un bar qui ne diffuse Supersonic au moins 10 fois par jour.

La maison de Maidenhead

Maidenhead est ce que nous appellerions une ville dortoir. Beaucoup de travailleurs peu fortunés s’installent là et font quotidiennement le trajet vers les villes voisines de Slough, Reading, ou même jusqu’à Londres. S’il parait qu’à une époque Maidenhead pouvait vanter ses charmes, notamment grâce à ses berges, à la fin du XXème Siècle, je n’y ai vu que laideur et décadence.
Bordant le petit centre ville où se trouvent quelques commerces standards et le plus souvent déserts, un grand parc offrait son espace aux coureurs et promeneurs la journée, aux junkies et aux putes la nuit. C’est ce parc que je devais traverser chaque jour pour rejoindre la modeste maison du couple de retraités qui avait la gratitude de m’accueillir. A ce propos, je tiens ici à leur rendre hommage car ils furent d’une gentillesse sans pareil (de celle qu’on trouve souvent chez ceux qui n’ont rien). Cette maison appartenait à un ensemble de bâtisses collées les unes aux autres mais qui faisaient bonne figure à côté des barres d’immeubles qui les jouxtaient (on trouve toujours plus pauvre que soi). Si je devais donner une image, je dirais que ce quartier n’avait rien à envier à ceux qu’on peut voir dans les films de Ken Loach.

Si mes journées étaient studieuses, les nuits m’offraient un playground formidable. Je disposais à loisir de la clé que mes hôtes m’avait laissée et, malgré mon jeune âge, aucune restriction de sortie ne me fût imposée. Je sortais donc tous les soirs en compagnie des quelques potes que j’avais pu me faire sur place. La mode de l'époque nous affublait de vestes de jogging en nylon et de jeans délavés. Les cheveux se portaient courts, voire rasés et les baskets basses. L’essentiel de notre temps, nous le passions à discuter sur un banc du parc, à mater des magazines de cul et à siroter des bières tièdes que les mecs plus vieux du quartier partageaient au compte-goutte avec nous. Parfois, des petits dealers à peine plus âgés que moi venaient nous proposer de la came dont j’ignorais jusqu’alors tout (je crois d’ailleurs que c’est à cette occasion que j’ai entendu parler pour la première fois de crack). Les heures passaient tranquillement mais il faut bien l’admettre, nous n’étions toujours qu’entre couilles.

Un soir, un des types de la bandes a amené deux cousines qui revenaient de vacances (ce qui, dans ces quartiers populaires, consiste à dire qu’elles sont allées passer une semaine chez leur grand-mère à 20km de là). Sophie et Coleen avaient toujours habité Maidenhead et vivaient dans un des appartements de l’immeuble proche de ma maison. A les regarder, on avait du mal à imaginer que de telles grâces aient pu grandir au milieu de ce paysage de briques rouges et de bitume. Si je lui reconnaissais bien un certain charme, Coleen ne m’intéressait absolument pas. En revanche, je fus foudroyé par la beauté de Sophie. Elle avait le teint mat, de long cheveux auburn et de grands yeux en amande d’où jaillissaient d’éclatants reflets noisettes. La robe moulante qu’elle portait laissait deviner des courbes fines et parfaitement dessinées, de petits seins fermes et des fesses rebondies. A première vue, elle devait avoir deux ans de plus que moi.

J’ai très vite remarqué l’effet que Sophie produisait sur les garçons du quartier. Tout le monde était aux petits soins avec elle. Et elle, minaudant, se laissait servir sans complexe. Ce manège avait le don de m’énerver mais je dois dire aussi que cette fille m'impressionnait vraiment et que je n’avais aucune idée de la façon dont l’aborder. Je n’ai pas eu besoin de trop me creuser puisque c’est elle qui fit le premier pas.

Un soir que nous étions dans le parc, devant un match de foot improvisé, elle vint s’assoir prêt de moi et me dit avec la banalité que mérite ce genre de question : «Alors, tu es français?». Ce à quoi je répondis timidement «Oui», sans savoir vraiment quoi dire derrière. Je pense qu’après ce bref échange, nous sommes restés un bon quart d’heure l’un à côté de l’autre sans rien dire. Je voyais au loin les autres nous regarder et je ne sais pas s’ils se foutaient de ma gueule ou s’ils se méfiaient mais ce que je lisais dans leurs yeux n’était pas cool du tout. Pour briser la glace, Sophie me proposa de l’accompagner chercher un soda au drugstore à la sortie du parc. J’acceptais.

Sur le chemin, la situation se décoinça presque un peu:
"- Tu parles anglais ?
- Oui mais pas aussi bien que toi.
- Ça fait deux jours que je suis là et tu es le seul à ne pas m’avoir parlé.
- Ah, je n’avais pas remarqué.
- Si, tu le sais !"

Je me sentais comme pris au piège, bien sûr que je voulais lui parler depuis le début ! Et comme une ultime parade, je ne trouvai rien de mieux à lui répondre : «Si tu voulais me parler, tu n’avais qu’à venir avant !» Le retour au parc se fit dans un silence total. Je me sentais mal, je suis rentré.

Les jours qui suivirent, Sophie et moi n’avons pas échangé un mot, tout juste des regards qui trahissaient mal notre gêne. Jusqu’au jour où elle nous annonça qu’elle allait quitter Maindenhead, définitivement. Son départ était prévu pour la quinzaine suivante et j’avais bien l’intention d’employer chaque instant passé avec elle pour arriver à mes fins. Mais enfin, il faut bien le reconnaître, j’étais un peu empoté et ce fut elle qui prit une fois de plus les devants. Elle me dit qu’elle était triste de ne pas m’avoir parlé ces derniers jours et qu’elle m’aimait bien. Alors je lui rendis son amabilité. Elle m’invita à l’accompagner pour se promener dans le parc et là, à l’abris des regards, protégés par les bosquets, nous nous sommes embrassés. A partir de ce moment, nous nous donnions régulièrement rendez-vous à cet endroit pour échanger de longs baisers adolescents.

Notre complicité s’affichait de plus en plus et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’était pas du goût des mecs du quartier. Un soir, revenant de chez ses parents (un couple d’alcoolos vivant un appartement vide et crade), un groupe de hools installés sur la coursive au dessus de moi me prit pour cible et me jeta des bouteilles de bière qui vinrent  fracasser les vitres des voitures garés au pied de l’immeuble. Dans ce genre de situation, la seul solution c’est courir. Mais le pire restait à venir. 

La coursive du get-apens
Le dernier jour avant le départ de Sophie, je ne la vis pas. Elle devait préparer ses affaires et n’avait pas de temps à m’accorder avant la tombée du jour. Le crépuscule venu, nous nous retrouvâmes comme d’habitude dans le parc. Là, nos baisers furent moins hésitants et plus langoureux qu’à l’accoutumée. Il se passait quelque chose. Nous nous sommes allongés sur l’herbe, Sophie glissa sa main dans mon pantalon, saisit ma queue et commença à me branler. Je passai mes doigts sous sa jupe, elle ne portait pas de culotte et était déjà bien humide. Tout paraissait naturel et à aucun moment la peur d’être surpris ne vint troubler nos ébats. Je la pénétrais doucement mais maladroitement et elle faisait de petits soubresauts au rythme des va-et-vient. Ce qui m'a le plus marqué, c'est sans nul doute la chaleur de son sexe. Le reste est comme toutes les premières fois : on en garde un souvenir ému mais ça ne relève pas de l’extase.

Une fois que nous avons terminé, nous restâmes un long moment allongés dans l’herbe sans rien dire. Lorsque vint l’heure de rentrer, je me sentais léger mais le coeur serré parce que je savais que je ne reverrai pas Sophie. C’était donc avec une sorte de mélancolie que je regagnai ma maison. Mais en arrivant, un comité d’accueil m’attendait : les petits hools étaient postés en bas de chez moi et m’attendaient avec la ferme intention d’en découdre. J’eus droit à un tabassage en règle et dans mon souvenir, ça reste une des pires bastonnades (et une des rares) que j’ai subi. Sans l’intervention de mes hôtes, je ne sais pas ce qui serait resté de moi. Cette nuit fut donc vraiment particulière et lorsque je quittai Maidenhead pour la France, j’avais l’impression de laisser un peu de moi dans cette ville (plus que des dents pétées).

C’était il y a presque 20 ans, Maidenhead n'a pas changé et bien que je n’eus plus jamais de ses nouvelles, je n’ai jamais oublié Sophie.


CHRONIQUE DU SEXE ORDINAIRE #2

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire