jeudi 8 août 2013

Cocaína y Jineteras en La Habana (Partie 1)

La Policía


Autant prévenir, cet article risque de déplaire aux moralistes du voyage et autres bienpensants de la route. Je ne parlerai pas ici des différents lieux touristiques tout à fait dignes d’intérêt, le Guide du Routard le fait très bien.

Voilà longtemps que je souhaitais me rendre à Cuba. Mes rêves étaient alors alimentés par les livres de photos, les récits de voyageurs et, comme beaucoup à mon âge, par le film de Wim Wenders, Buena Vista Social Club.
L’opportunité se présenta lors d’un séjour de longue durée au bord du golfe du Mexique, dans le Yucatán. Depuis Cancun, La Havane n’est qu’à 1h20 de vol et le billet aller-retour ne dépasse pas les 270$. Je saisis donc l’occasion de m’envoler pour ce territoire fantasmé mais inconnu.


La première chose qui me frappa à mon arrivée à La Havane, ce n’est pas la file d’attente interminable pour le contrôle douanier, mais bien que les douaniers étaient toutes des douanières ultra-canons et apprêtées. Ce qui laissait présager tout un monde de sensualité.

Une fois les formalités aéroportuaires terminées, je filai en taxi sur la calle Neptuno rejoindre ma «casa particular», genre de maison d’hôte autorisée par l’Etat. Je ne pris pas le temps de déballer mes affaires et fonçai humer les nuits chaudes de La Havane. Après un frugal repas dans un petit restaurant lui aussi autorisé par l’Etat, en bon touriste, je me rendis directement sur le Malecón, cette grande digue symbole de la ville. 
A peine arrivé, je fus accosté par deux jeunes filles d’une beauté rayonnante. N’étant pas né de la dernière goutte de rhum, je me doutai de leurs intentions et poursuivis mon chemin. Car il faut savoir quelque chose : la prostitution est interdite à Cuba et sévèrement punie. Ainsi, à l’instar des marcheuses de Belleville, ces putes chinoises qui arpentent le boulevard pour ne pas être arrêter pour racolage, La Havane a ses marcheuses du Malecón. Mais celle-ci vous proposeront de vous «accompagner» et tant que vous ne serez pas dans l’intimité d’une chambre, n’accepteront généralement qu’un verre à boire ou, au mieux, des cadeaux. C’est pour cela qu’elles sont connues sous le nom de «jineteras» autrement dit : des «cavalières».
Fatigué par le trajet, je décidai de rentrer sagement me coucher.

Je m’étais bien préparé pour ce voyage et avais pris soin de me renseigner sur les coutumes locales. Ainsi, tout comme j’étais au parfum des habitudes en matière de prostitution, je connaissais à peu près les règles concernant les stupéfiants. A en croire tout ce que j’ai pu lire ou entendre sur Cuba, il est très difficile voire impossible de trouver de la drogue sur l’île. Et même si par miracle vous veniez à trouver votre bonheur, vous vous exposeriez à tous les dangers, principalement la police (qui ferait passer le pire de nos flicaillons pour un petit chaton tout frais pondu) et aux gangs. Autant dire que je partais avec l’idée qu’une telle quête était peine perdue. 
Munis de ces précautions, je ne m’attendais ni à me frotter à la police locale, ni à quelconques gangs cubains. Si j’allais tôt faire connaissance de la première, ma rencontre avec les seconds fut plus surprenante.

Comme dans beaucoup d’états communistes, lorsque vous êtes employé de l’administration, vous êtes souvent payés à surveiller vos collègues qui eux-même vous surveillent. Dans l’idéal, ce système est sensé réduire la corruption par peur de la délation. Dans la réalité, ça se passe tout autrement. 

Un soir que, bien allumé, je m’en revenais de la vieille ville où j’avais fait le tour de quelques bars miteux en compagnie de cubains et d’un vieux québécois à qui j’avais manqué de casser la gueule après qu’il m’ait présenté sa jinetera de 15 ans, je me suis perdu dans La Havane. Mal aidé par le sens de l’orientation naturel du mec bourré, j’atterris dans je ne sais quel quartier désoeuvré de l’Ouest de la ville. Epuisé par mes excès, je décidai de demander mon chemin à une patrouille de police postée non loin de moi (on en trouve partout et à toute heure). Les deux jeunes policiers proposèrent gentiment de me ramener. Je montai donc avec eux dans l’espoir de retrouver rapidement mon lit. 

Après 15min de trajet, la voiture de police s’arrêta au milieu de nulle part. Les jeunes flics me firent descendre et me demandèrent de leur donner 20$ si je souhaitais vraiment rentrer. Je fouillai mes poches et ne trouvai qu’un pauvre billet de 5$. Après leur avoir longuement expliqué que je n’avais que ça, il me laissèrent repartir seul en m’indiquant vaguement ma direction. Ce n’est que 2h plus tard que je pu enfin m'effondrer dans mes draps sans vraiment penser à ce qui venait de se passer.

(A suivre...)

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