mercredi 7 août 2013

CHRONIQUE DU SEXE ORDINAIRE #4

La baise à trois ou le visiteur du soir


Quand on galère, on réfléchit à tous les stratagèmes possibles pour se sortir des situations délicates et parfois, la fin justifie les moyens même s’il s’agit de mettre en péril la pérennité d’un couple.

Je suis arrivé à Paris à l'hiver 2005 afin de travailler dans un célèbre théâtre parisien et même si cette expérience reste inoubliable, je dois dire que les premiers temps furent difficiles. Bien que je fusse nourri et logé, les 300€ que je gagnais par mois ne couvraient pas mes frais et le confort me manquait cruellement. Je dormais dans les loges du théâtre la plupart du temps et dans la blanchisserie lorsque le froid envahissait le lieu. Très vite, je voulus prendre de l’indépendance et trouver un endroit plus douillet pour me reposer. Une des solutions qui me vint à l’esprit fut de trouver une meuf.


On me présenta Marion lors d’une soirée au 114 boulevard de la Villette, un squat malien fermé aujourd’hui (j’en reparlerai plus tard). L’amie qui nous réunit, me connaissant bien, m’avertit que Marion n’était pas célibataire et prit la peine de préciser : «En plus son mec est super gentil». Soit. 
A la fin de la soirée, je proposai à Marion de la raccompagner jusqu’au métro ce qu’elle accepta sans aucune hésitation. Une fois arrivés à la station, nous nous arrêtâmes un instant pour partager une bière et discuter. Près d’une heure plus tard, j’étais dans son lit. 

Marion n’avait rien de réellement exceptionnel (peut-être ses fesses) mais présentait l’énorme avantage d’avoir un appartement. L’autre avantage était que son copain travaillait de nuit, on pouvait donc facilement savoir où il se trouvait pendant nos ébats et je pouvais m'endormir en pleine quiétude. Chaque fin de journée, après avoir durement travaillé, j’appelais donc Marion pour savoir si la voie était libre puis je filais la retrouver après être passé chercher notre dose d’alcool respective.

Je dois reconnaître qu’au lit, Marion était particulièrement efficace. Et après deux semaines de relation, elle me confia qu’elle aimerait réaliser avec moi les fantasmes qu’elle n’osait pas faire avec son mec. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle en avait des fantasmes : lieux publics, transports en commun, bondage... et j’en passe. Parmi ses fantasmes, il y en a un qui fait partie de la liste de beaucoup d’hommes : faire l’amour avec deux femmes à la fois.

Marion me soumit l’idée d’inviter une de ses amies à nos jeux nocturnes. Naturellement, je lui dis que ça me plairait et lui demandai qui elle comptait convier. Elle avait une idée très nette de la personne qu’elle voulait avec nous, il s’agissait de la copine du collègue de son mec (il faut suivre). L’idée de soigner deux jeunes filles pendant que leurs compagnons travaillent ensemble m’amusait beaucoup même s’il est vrai que j’avais un peu de remord. Rendez-vous fut pris pour la semaine suivante.

Au jour J, l'anxiété me gagnait et au traditionnel apéro qui clôturait nos journées de labeur, je n’ai pas compté les verres de vodka que je me suis enfilés. Malgré la dose de poison absorbée, je n’arrivais pas à me détendre et n’étais pas saoul du tout. Je débarquai chez Marion vers 22h, une bouteille de whisky à la main, histoire de détendre l’atmosphère. Marion était seule et elle aussi un peu stressée. Nous avons bu quelques verres en attendant Camille, son amie. Lorsqu’elle arriva, nous étions tout à fait relaxés et d’humeur joyeuse. Camille était particulièrement jolie et Marion remarqua la façon insistante avec laquelle je la regardai, ce qui la contraria un peu je pense puisqu’elle devint légèrement froide. Après quelques verres, Marion vint m'embrasser puis prit Camille par la main. Nous étions tous les trois novices mais Marion dirigeait les opération à la perfection. Alors que je continuais d'embrasser Marion tout en la caressant, Camille s'occupait de ma queue doucement, il ne fallait pas gâcher la soirée par une fin trop rapide. Les caresses continuèrent un bon moment. Les positions les plus originales durent être trouvées. Marion et Camille avaient un peu de mal à se toucher l'une l'autre. Je ne sais pas si elles jouirent mais pour ma part, j'eus du mal. Et la nuit fut longue, très longue, peut-être trop longue. 
Je passerai les détails exacts de la soirée. Je dirai juste que dans ce type de relation, il est essentiel de s’occuper à part égale de ses deux partenaires. Au final, cette première expérience fut moins mémorable que je m’y attendais, d'autres me laissèrent un bien meilleur souvenir (j'y reviendrai). Principalement parce que s’occuper de deux personnes, ce n’est pas chose aisée, c’est assez éreintant et franchement pas très pratique à moins d’avoir un très grand lit ce qui n’était clairement pas le cas. L'autre problème est qu'au réveil, mélangée à la gueule de bois, la gêne était palpable. Je quittai les lieux le premier, comme à mon habitude.

Plus tard, Marion me demanda de réaliser un autre de ses fantasmes. Elle voulait me laisser un jeu de clés pour que je vienne une nuit à l’improviste et que je simule une sorte de viol en la malmenant. Alors je décidai subitement d’arrêter de la voir. D’autre part, on venait de me prêter un minuscule studio, je n’étais donc plus obligé de jouer de mes charmes pour disposer d’un vrai lit.

Ah ! J’allais oublier. Un matin, alors que je quittais l’appartement de Marion, j’ai croisé dans la cage d’escalier son copain revenant du travail. Je le reconnus aisément puisque des photos de lui se trouvaient chez Marion. Croisant son regard, j’eus une petite sueur froide. Il me salua comme un voisin. Je sortis de l’immeuble et là, me mis à rire, seul. Puis un pincement au coeur me vint, j'étais vraiment seul.


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