samedi 24 août 2013

Lettre à ma conseillère Pôle Emploi


Madame,

Je vous écris afin d'évoquer ma situation et pour faire état de la façon toute particulière que vous avez eu de traiter mon cas. Je vous le dis tout de suite, l’idée d’envoyer une copie du présent courrier à votre responsable m’a traversé l’esprit, mais la délation n’est pas dans mes gênes (ce que, vu vos méthodes, vous devez avoir du mal à saisir) et c’est donc à vous que je m’adresse directement dans l’espoir de faire passer mon ulcère :


Chère Béate, 

Déjà 7 mois que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. C’était l’hiver et dans l’intimité singulière d’un open space surchauffé, tu m’attendais, blottie dans le simili cuir douillet de ton fauteuil de bureau. Je dois avouer que, mesurant à vue d’oeil ton mètre 90 et tes 130 kilos, tu ressemblais à un gros nounours et rien ne me laissait supposer quel enfer tu allais me faire vivre.

Pourtant, comme il est d’usage entre gens bien élevés lors d’un rendez-vous galant, je t’avais apporté un cadeau : un beau dossier de formation clés en main qui, tu le savais, allait te permettre de gonfler tes stats de reclassements sans trop te fouler. D’ailleurs, sans vraiment chercher à comprendre de quoi il s’agissait, tu t’es empressée de dire "oui" à mes souhaits et je dois reconnaître qu’à cet instant, tu m’as comblé.

Mais voilà, les vents soufflent forts et l’orage a bien vite remplacé le ciel bleu des débuts. Parce que si en répondant "oui" à mon projet, tu m’as donné un précieux sésame, il faut admettre que tu m’as laissé bien seul sur le chemin qui mène à la réussite. 

Comme quelqu’un qui souhaite éconduire salement un prétendant, tu as fait la morte. Je t’ai écris, mais mes mails restaient sans réponse. Je t’ai appelé et on se contentait de me dire que le message sera passé. Tu m’as fixé deux rendez-vous auxquels je me suis présenté, pour finalement m'annoncer les yeux dans les yeux que tu vois déjà plusieurs personnes et que résultat tu n’as pas de temps pour moi. Bref, que tu me trompes avec d’autres ! 
Et lorsque moi, j’ai le malheur d’arriver en retard parce qu’un petit malin a tiré l’alarme du RER, tu me dis d’aller voir ailleurs et me flanques un avertissement, comme si j’avais 10 ans (à ce sujet, tu trouveras en pièce jointe une copie de ma carte d’identité attestant de mon âge). 
Mais je crois que là où tu es allée trop loin, c’est quand au rendez-vous suivant, après que je t’aie attendu 45min, tu appelles pour dire que tu ne pourras pas être présente à cause d’un problème... de transport.

Alors oui, me sentant seul, j’ai commencé à aller voir ailleurs. Et pour que tu saches tout, j’en ai vu 5 des conseillères et même des conseillers ! Et tous étaient gentils. Ils ne comprenaient pas comment tu avais pu m’abandonner comme ça et m’ont accueilli à bras ouverts. Crois-moi, ce n’était pas toujours une partie de plaisir car comme dans toute nouvelle relation, il fallait à chaque fois tout reprendre de zéro : expliquer d’où je venais, où j’en étais, où j’allais... c’est éreintant à force. Mais avec persévérance, nous avons avancé pour mener ce projet à bien. Et aujourd’hui, je suis heureux de te dire que nous allons accoucher d’un beau bébé et ça, ce ne sera pas grâce à toi. 

Je ne veux pas savoir ce qui t’a conduit à te comporter ainsi, si tu étais débordée ou autre. Comme tu me l’as si bien dit lors de mon unique retard : «tes histoires, c’est pas mon problème». 

Pour finir, je dois quand même te dire que ce qui m’écoeure le plus, c’est qu’une fois que notre divorce sera définitivement prononcé, c’est toi qui va rafler toute la mise et que les autres conseillers et conseillères qui ont su m’apporter leur aide ou leur soutien n’auront rien. Ton incompétence n’aura eu d’égale que ta médiocrité, et ton attitude est un mépris affiché aux millions de personnes qui se cherchent un avenir.

Nous allons être amenés à nous revoir ; il reste quelques détails à régler et j’ai bon espoir que cette fois, tu ne te défileras pas. Ne t’inquiète pas, je saurai rester courtois, mais ne me demande pas de t’aimer.


Avec toute ma mésestime,
J.H.

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